L’eau et les calculs rénaux
Les calculs rénaux sont en recrudescence dans le monde. 10% de la population environ est touchée, avec chez les personnes concernées, un risque de récidive à 10 ans de 30 à 50%. Ils sont moins fréquents dans les pays à revenus faibles et moyens, mais les complications sont plus sévères.
Certaines conditions favorisent la survenue de calculs : un climat chaud ou une activité physique élevée qui favorisent la déshydratation, un faible volume urinaire et donc une concentration urinaire importante. Ailleurs un accès plus difficile aux toilettes induit une réduction volontaire de la prise de fluides, donc aussi des urines et le risque de calculs.
La dilution des urines est un objectif clé
Quelle que soit la nature du calcul, une concentration élevée de ses constituants élémentaires est donc nécessaire pour amorcer la formation du cristal, appelée nucléation. Ainsi, en consommant suffisamment d’eau et en diluant l’urine, on réduit ce processus et l’éventualité de calculs rénaux.
L’eau provient principalement des boissons, mais aussi des aliments riches en eau comme les fruits et légumes qui en contiennent de 80 à 90%.
En pratique, chez les personnes atteintes, on recommande la prise de 2,5 l/j de fluides à consommer sur 24 h y compris au cours de la nuit. L’objectif est d’obtenir une élimination urinaire d’au moins 2 litres/j. Cette quantité doit être augmentée dans les conditions favorisantes indiquées ci-dessus, chaleur et activité physique.
Les résistances à consommer de l’eau sont classiques : disponibilité de l’eau insuffisante aux endroits où l’on se trouve, aversion au goût de l’eau, inconfort digestif après la consommation de quantités importantes, absence de soif, oubli, nécessité d’aller fréquemment aux toilettes. On peut lutter contre ces résistances en buvant à horaires fixes, boire sans soif et garder de l’eau à disposition dans les différents lieux où l’on se trouve.
Concernant les types de boissons, le fructose présent dans les boissons sucrées est associé à une augmentation de risque de calculs rénaux ; l’oxalate urinaire augmente après la prise de boissons au cola. L’eau, le café sont au contraire associés à un risque plus faible. La composition des eaux minérales naturelles peut jouer un rôle, par son apport en calcium. Si la consommation en calcium par l’alimentation générale est insuffisante, les eaux minérales qui en sont riches peuvent permettre de compenser ce déficit, et réduire la formation de calculs d’oxalate de calcium. D’où l’importance de lire le contenu en calcium indiqué sur les étiquettes, sachant que les recommandations en calcium sont de 800 à 1200 mg/jour et que des eaux riches en calcium apportent de 250 à 550 mg/litre.
Conseils alimentaires selon la nature du calcul
Ces derniers contiennent du calcium dans plus de 80% des cas, essentiellement sous forme d’oxalate de calcium. On trouve des calculs d’acide urique dans 5 à 10% des cas. L’alimentation joue souvent un rôle dans leur survenue. Il est important de déterminer la nature du calcul rénal et donc si possible de le récupérer au décours d’une crise de coliques néphrétiques en filtrant l’urine avec une compresse ; et de faire notamment un bilan urinaire des 24 heures mesurant le calcium, l’oxalate, l’acide urique et les citrates. Idéalement, les résultats seront exploités avec une assistance diététique.
Dans le cas des calculs oxalo-calciques
On veillera à maintenir les apports en calcium à 1g/j au moins pour les raisons indiquées plus haut. En effet, si on consomme suffisamment de calcium, un atome d’oxalate et atome de calcium vont s’associer ensemble dans les intestins, qui sous cette forme combinée ne seront plus assimilables par l’organisme. Ils seront éliminés dans les selles, évitant le passage dans la circulation artérielle générale, suivie l’élimination urinaire et le risque de survenue d’un calcul.
Un excès d’aliments riches en oxalate (thé, chocolat, noix, rhubarbe, épinards, betteraves…) par rapport à un apport en calcium insuffisant peut être présent et devra être corrigé.
On limite les apports en sel, tout en maintenant des apports en protéines dans les limites inférieures de la normale à 0,8 g/kg/j.
Dans les cas de calculs contenant de l’acide urique urinaire
Les sources d’acide urique et de purines doivent être réduites.
Références
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